Les irlandais de God Is An Astronaut règnent depuis bientôt vingt ans sur le rock expérimental instrumental, et sont érigés comme un monument à la hauteur de Mogwai entre autres. Et aujourd’hui, en 2021, ils sortent leur dixième album, Ghost Tapes #10, inspiré de notre époque bien incertaine. Tantôt agressif, tantôt méditatif mais toujours expérimental, l’album se révèle être l’un des plus puissants de la discographie de God Is An Astronaut. Et nous allons en étudier les différents aspect !
Comme un abri après la tempête…
Le tableau d’Adrift s’ouvre sur la batterie de Lloyd Hanney, tout simplement mixée à la perfection, avec un tempo vraiment prenant, ouvrant ensuite sur les guitares lumineuses de Jamie Dean et Torsten Kinsella et la basse ronde et puissante de Niels Kinsella. La mélodie s’installe petit à petit, inquiétante jusqu’à l’arrivée de claviers extrêmement nets au milieu de la distorsion des guitares, suivis d’un riff heavy inhabituel pour le quatuor. La basse se fait ensuite omniprésente au dessus d’un mouvement calme, ouvrant le passage à un piano lumineux et positif, comme un abri après la tempête, auquel on s’accroche. Le single Burial arrivera ensuite avec des claviers inquiétants, vite nappés de guitares superbes et de piano émouvant, sur un rythme alambiqué. La basse reste à la base de tout comme souvent chez God Is An Astronaut, complètement audible et centrale entre les guitares éthérées et distordues à la manière d’un Sólstafir. Bref, un coup de cœur total que je vous propose de découvrir ci-dessous !
Comme un refrain instrumental…
In Flux viendra ensuite introduire de nouveaux sons de claviers accompagnés d’arpèges de guitare et d’une basse toujours plus martiale. Les guitares s’aiguisent de distorsion tandis que l’ambiance se fait de plus en plus bruitiste, gardant cependant une belle mélodie au fond, entraînant l’auditeur dans le chaos avant un Spectres encore plus distordu, me rappelant la bande son de Death Note (la série animée). On aura même le droit à des riffs heavy à nouveau sur ce morceau, malheureusement assez court, nous laissant assez peu de temps pour apprécier la batterie géniale de fin de morceau. Le morceau suivant, Fade, s’opposera à son nom et s’illustrera par une basse absolument incroyablement lourde et une batterie alambiquée introduisant des guitares cette fois plus frénétiques que jamais. Mais surprenamment on aura également le droit assez vite à un passage plus calme aux claviers étranges, avec un son plus clean qui cette fois nous fera penser à Foals avant le retour des riffs frénétiques, comme un refrain instrumental à ce morceau. Une montée en puissance se fera en fin de morceau avant un retour des claviers décidément très doux en opposition avec la guitare de God Is An Astronaut !
Un point d’orgue bien amené.
Alors que la fin de ce Ghost Tapes #10 approche, on se rend compte que les morceaux sont de moins en moins longs ! En effet, si Adrift approchait des sept minutes, Barren Trees dépassera à peine la barre des quatre minutes tandis que Luminous Waves ne durera que trois minutes et quarante-huit secondes ! Dommage qu’on approche de plus en plus vite de la fin, mais quelque part, je me demande si le message n’est pas justement dans la formulation que je viens de faire. En tout cas, Barren Trees se démarque du reste de l’album par ses claviers rétro, rappelant presque des jeux de rôle du siècle dernier, avec cette fois-ci en son centre une guitare fuzzy assez ronde, signée Jimmy Scanlan. Les claviers s’empilent de plus en plus, dont l’un avec un son “vocoder”, seule illusion d’humanité dans le son instrumental de God Is An Astronaut. Les guitares s’accumulent également et on arrive vite à un point d’orgue bien amené, de plus en plus calmement. On terminera l’album par Luminous Waves, morceau absolument calme tout en arpèges acoustiques et en violoncelle signé Jo Quail, peignant un tableau absolument serein et contemplatif, où même la basse si violente sur le reste de l’album se fait sage et sereine. Une belle fin bien amenée par le morceau précédent qui entamait déjà le décrescendo. Le morceau monte un peu dans les tours, mais pour mieux se terminer sur un silence quasi angélique, laissant entrevoir des bruits au loin, comme le grésillement d’une platine vinyle.
En bref : God Is An Astronaut nous emportent loin avec Ghost Tapes #10, et si certains pourraient être rebutés par le côté instrumental de l’album, je vous le conseille à 100% pour travailler en même temps, ou mieux, pour l’écouter les yeux fermés, se concentrant sur la musique. Ce dixième album plus puissant qu’à l’accoutumée est une très belle surprise qui m’a beaucoup plu !
4.25/5
Coups de coeur : Luminous Waves, Burial, Barren Trees…