Un final trempé mais inoubliable

Crossfade : premier concert *_*

Dimanche 21 septembre, sous un ciel qui venait de livrer ses premières gouttes, Crossfade monte sur la scène du festival dans un contexte chamboulé : la pluie avait retardé nombre d’horaires, les fans couraient après les créneaux, mais eux, enfin, étaient là. Pour beaucoup, c’était un retour attendu — le groupe joue sa tournée de réunion, et l’émotion était palpable dans les rangs.

Le set s’ouvre sur « Starless », un morceau d’entrée qui pose l’atmosphère : riffs nets, voix claire, et un public déjà enthousiaste. Le morceau suivant « So Far Away » déclenche les souvenirs des années 2000, et ça se voit : les bras s’élèvent, les téléphones enregistrent, les visages sourient.

Sur « Dead Memories » et « The Deep End », Crossfade change légèrement l’arrangement live par rapport aux albums : la batterie est un peu plus marquée, la basse plus présente — tu ressens que cela « vibre ». Et pourtant, l’un des rares défauts du jour revient : le son, alors que le groupe méritait mieux, semblait manquer de profondeur à certains moments. On entendait bien les lignes, la voix dominait, mais parfois l’ensemble manquait de coffre. Le festival, sous la pluie, n’avait pas réglé totalement ses axes.

Avec « Colors » et « Already Gone », l’ambiance monte encore. Le chanteur remercie le public, évoque la réunion du groupe, ce retour après des années, et on sent l’affection partagée. Le public se surprend à chanter en chœur.

Le final explose avec « Death Trend Setta » puis « Cold », l’hymne qui reste dans toutes les mémoires. Le pit se lève, quelques slams s’organisent, l’émotion monte. Le fait de voir Crossfade réunis — avec cette setlist courte mais efficace — crée un moment de communion rare en plein après-midi festivalier.

En résumé, Crossfade a livré un moment fort, chargé de nostalgie, de public fidèle et d’émotion évidente. Si le son n’a pas toujours été à la hauteur de ce qu’on aurait espéré, l’instant lui ne l’a pas été. Ce créneau, dans ce festival, restera parmi les highlights personnels de la journée.

🇫🇷 10 Years au Louder Than Life 2025 – Clarté, maîtrise et émotion

Dimanche 21 septembre 2025, dernier jour du Louder Than Life à Louisville.
Sous un soleil lourd, 10 Years monte sur la Reverb Stage en tout début d’après-midi. Pas l’horaire le plus évident, mais le groupe va transformer cette parenthèse en un vrai moment de justesse et d’équilibre.

Dès “Novacaine”, on comprend que le son va être d’un niveau rare pour une scène secondaire.
C’est clair, précis, équilibré : les guitares découpent sans saturer, la basse reste lisible, et la voix de Jesse Hasek survole le mix sans jamais se perdre.
Un son propre, tenu, qui tranche avec les approximations qu’on entend parfois dans ce genre de créneaux.

L’énergie reste constante sur “Fix Me” et “Gravity”, deux titres qui alternent entre tension contenue et envolées mélodiques. Le groupe est précis, chaque transition tombe juste, chaque break respire.
Puis vient la surprise : une reprise de “Heart-Shaped Box” de Nirvana. Pas d’esbroufe, pas de copie : un tempo plus lent, une atmosphère plus sombre, et cette impression que le groupe s’approprie la chanson sans la trahir. Le public suit, attentif, presque silencieux — moment suspendu.

Le dernier tiers du set prend de la puissance : “The Optimist” et “Shoot It Out” appuient plus fort sur la section rythmique, et la scène vibre de bout en bout.
Et puis, forcément, “Wasteland” en clôture. L’hymne fédérateur.
Le public reprend les paroles, les guitares s’ouvrent, et le final reste tenu, volontairement contenu. Pas d’explosion inutile, mais une tension maîtrisée qui donne toute sa force au morceau.

Setlist :
Novacaine
Fix Me
Heart-Shaped Box (reprise de Nirvana)
Gravity
The Optimist
Shoot It Out
Wasteland

En résumé, un set court mais d’une grande cohérence, servi par un mix exemplaire et une maîtrise scénique totale.
10 Years n’a pas cherché la démonstration : ils ont joué la précision, l’équilibre, la sincérité. Et ce dimanche 21 septembre, c’est exactement ce qu’il fallait pour marquer les esprits et clore un festival à la hauteur de sa réputation.

WE CAME AS ROMANS : toujours un plaisir de les revoir

Un après-midi où l’ambiance s’est rafraîchie — mais le public n’avait rien perdu de sa vigueur. Sur la scène principale du festival, We Came as Romans est apparu comme une vague prête à tout emporter. La puissance de leur set a frappé dès l’entrée, et pour un créneau relativement tôt dans la journée, le spectacle était déjà au-dessus de ce qu’on pouvait attendre. Quelques gerbes de pyro ont jailli dans la lumière du jour, ce qui n’est pas banal à cette heure-là.

Le son, lui aussi, mérite mention : clair, net, dominé sans écraser — on entendait les guitares se distinguer, les lignes de basse vibrer, et le chant se poser sans se perdre dans un mur sonore. Le contraste avec certaines scènes secondaires était flagrant.

Le groupe a enchaîné ses gros titres récents et quelques classiques, et même si une setlist exacte pour ce festival n’a pas été entièrement documentée, on repère les incontournables « Cold Like War », « Wasted Age », « Bad Luck » ou encore « Darkbloom » dans leurs tournées 2025. On s’est retrouvé à chanter « Bad Luck » sur le pont, bras levés, comme si on retrouvait un vieux compagnon de route. Le public, dense, participatif, a donné ce qu’il fallait.

Bref : We Came as Romans a confirmé sur ce créneau festivalier qu’ils n’étaient pas juste une meilleure version d’eux-mêmes, mais un groupe capable de porter un public sous pression. Le cadre était festivalier, la fraîcheur de l’air rappelait que l’été s’effilochait, mais ce set a remis la température très haut. Une belle performance, vraiment.

SLAUGHTER TO PREVAIL : La violence à l’état pur

En milieu d’après-midi, voilà Slaughter to Prevail qui s’avance sur la scène du festival. Alex « Terrible » au micro, prêt à tout donner. Le monde est déjà dense, l’air chargé de chaleur et de poussière, et le groupe ne fait pas dans la demi-mesure. Dès « Banditos », la machine se met en route : riffs massifs, voix gutturales, ambiance intense. On sent que le public attendait ce moment, la tension est palpable.

Le set se poursuit avec « Baba Yaga » et « Bratva », chacun provoquant une montée d’énergie. Le pit s’anime, les slams se multiplient, les barrières retiennent mal la foule. Quand « Viking » explose, visuels en place, ça devient presque trop court tant tout se passe vite. Avec « Russian Grizzly in America», le côté spectacle du groupe se taille une place — mais sans perdre la hargne brute. Le final avec « Kid of Darkness» puis « Demolisher» assène la dose finale : poussière, cris, regards furieux. Pour un passage vu « en coup de vent », c’était une vraie claque.

Le mix était correct, la présence scénique énorme, et ce moment de réunion tourne à l’événement. Hâte de les revoir au Motoc pour prolonger la folie.

Setlist :

  1. Banditos
  2. Baba Yaga
  3. Bratva
  4. Viking
  5. Russian Grizzly in America
  6. Kid of Darkness
  7. Demolisher

WAGE WAR de nouveau sur une immense scène pour notre plus grand plaisir

Alors que l’orage menaçait et que le ciel se faisait gris, Wage War a pris possession de la Main Stage avec un set calibré et percutant. Le public, déjà très nombreux, a été happé dès les premières notes — l’ambiance s’est transformée rapidement en fournaise contrôlée. Chaque morceau semblait conçu pour cet instant : riffs larges, batterie massive, et une voix qui ne recule pas.

Ce qui frappe d’emblée : la précision du son. Pour un festival de cette taille, à ce créneau, c’est rare. Le mix laissait respirer chaque instrument sans que le chant se fasse avaler. On sent que le groupe, conscient du contexte — grand public, show large, météo incertaine — a joué le set avec l’efficacité d’un headliner.

Au-delà de la technicité, c’est l’intensité qui a marqué : on a vu des slams, des circle pits, mais aussi des moments de chant collectif où la scène et la foule semblaient s’unir. La pyro, utilisée dans l’après-midi, a ajouté ce grain spectacle que peu osent à cette heure. Ajoutez à ça la menace météo qui rodait (« on espère pas une annulation » disait-on autour de vous) et chaque note est montée d’un cran.

En résumé : Wage War a livré un des sets les plus fédérateurs de la journée — puissant, net, et rythmé par une urgence palpable. Malgré le ciel incertain, ce moment n’a pas paru compromis : au contraire, il a chauffé le festival.

THREE DAYS GRACE : Le retour d’Adam dans le groupe enfin dans un report sur ALL ROCK !

On y est enfin ! Le moment-clé du jour pour moi : Three Days Grace avec Adam au chant, et Matt partageant la scène. Le set débute sur “Animal I Have Become”, et Matt lance « Welcome back Adam to the stage! » — un frisson traverse la foule. Ça résonne comme une renaissance et ça part direct sur “So Called Life”. Dès lors, c’est une alternance fluide : Adam mène un titre, Matt enchaîne, puis les deux se relaient, des morceaux récents aux classiques.

La piste “Mayday”, issue de leur nouvel album Alienation, frappe fort — on perçoit bien qu’ils ont travaillé cette setlist pour marquer un tournant. Ensuite, “I Hate Everything About You” arrive, l’un des piliers, et le public chante chaque mot. “Kill Me Fast” suit, moderne, incisif. Le son est correct — voix audibles, guitares présentes — mais on sent qu’il manque un petit supplément d’âme comparé à la veille.

Puis “The Good Life” relance l’énergie. Le terrain s’ouvre, le monde est là, dense. On ressent la foule prise dans le mouvement. Le ton change sur “Never Too Late”, où l’émotion monte clairement — Adam semble à l’aise, meilleur que dans mes souvenirs, et la voix porte. Enfin, “Riot” termine le set. Le pit s’ouvre, ça hurle, ça pousse, ça vit. Ce moment était attendu, et il a été à la hauteur.

En bref : Three Days Grace a donné un show fort, réfléchi, avec cette dualité vocale comme fil rouge. Le son ne faisait pas partie du top absolu du week-end, mais l’investissement du groupe, la connexion avec le public, et cette configuration à deux chanteurs donnent une dimension nouvelle.

Setlist :
It’s All Over (intro) · Animal I Have Become · So Called Life · Break · Painkiller · Home · Mayday · I Hate Everything About You · Kill Me Fast · The Good Life · Never Too Late · Riot.

EVANESCENCE : Une première au LOUDER THAN LIFE ! Un set streamé en direct sur la toile

Le set d’Evanescence sur la grande scène du Louder Than Life 2025 restera gravé dans les mémoires. Le groupe ouvre avec After Life, une entrée en matière pleine de tension maîtrisée. La voix d’Amy Lee, pure et puissante, envahit instantanément le site du festival. L’énergie monte d’un cran sur What You Want puis Going Under, deux classiques qui réveillent immédiatement la foule déjà immense.

Le concert navigue habilement entre nostalgie et modernité : Waste On You rappelle que la formation n’a rien perdu de sa pertinence. Les visuels sont superbes, particulièrement sur la séquence inspirée de Ballerina, qui ajoute une touche cinématographique à l’ensemble. Amy Lee s’adresse ensuite à la foule : « Nous sommes tous dans le même bateau », avant de lancer In My Veins, moment d’unité et de recueillement partagé par des dizaines de milliers de fans.

Puis vient l’incontournable : My Immortal, repris en chœur par tout le public, les lumières des téléphones illuminant le champ comme une mer d’étoiles. Et soudain, l’instant que personne n’attendait : Paul McCoy de 12 Stones fait son apparition sur scène pour un duo surprise sur Bring Me To Life, recréant le duo mythique qui avait révélé Evanescence au monde entier il y a plus de vingt ans. Le public explose, Amy Lee et Paul McCoy se partagent les refrains dans une intensité rare, et la scène devient littéralement un tremblement d’émotion.

Ce moment n’a pas seulement bouleversé Louisville : le set a été diffusé en livestream, suivi en direct par des millions de spectateurs à travers le monde, témoins de cette reformation symbolique et émouvante. Le son, mieux calibré sur la fin, rend justice à la voix d’Amy Lee et à la densité instrumentale du groupe.

En conclusion : un concert à la fois puissant, sincère et chargé d’histoire. Un des plus grands moments du Louder Than Life 2025, et sans doute un jalon marquant dans le parcours d’Evanescence.

Final en beauté avec BRING ME THE HORIZON

Le set de Bring Me The Horizon au Louder Than Life 2025, c’était plus qu’un concert — c’était une déflagration émotionnelle et sonore. Le genre de moment où tu sais que tu vis un chapitre important de leur histoire.

Dès les premières secondes de “DArkSide”, le ton est donné. Les lights éclatent dans un rouge profond, le son frappe la poitrine. Pas une approximation, pas un souffle de trop : le mix est chirurgical. Puis arrive “MANTRA”, la scène s’embrase, les flammes montent, les écrans explosent d’images dystopiques. La foule répond instantanément, bras levés, hurlant chaque mot.

Oli Sykes, visiblement ému, remercie Louisville d’une voix tremblante. “We’ve been through hell, but tonight—this is heaven.” Et tout le monde comprend : c’est plus qu’un show, c’est une rédemption.

Le groupe balance ensuite un medley qui traverse les époques : “Happy Song”, “Teardrops”, puis le nouveau “A Bullet With My Name”, avec un invité surprise qui vient prêter sa voix. La scène devient un brasier. Le public perd la tête.

Et puis, pause inattendue : Oli entame quelques notes de “Wonderwall” d’Oasis, version décalée et ironique, comme un clin d’œil britannique au milieu de ce chaos américain. Le public reprend le refrain, sourire aux lèvres, avant que la tension ne remonte d’un coup sur “Kingslayer”. La foule explose, des circle pits s’ouvrent jusque dans le fond du terrain.

La suite, c’est un enchaînement de claques : “Lost”, puis “Can You Feel My Heart”, repris en chœur par des dizaines de milliers de voix. Et enfin, “Throne”, morceau final, ultime catharsis. Le ciel s’embrase, Oli se tient au bord de la scène, les larmes aux yeux, submergé.

Je les ai rarement vus comme ça. Sincères, humains, bouleversés. Bring Me The Horizon a livré un show massif, oui — mais surtout profondément vivant. Une communion totale entre un groupe au sommet de sa maturité et un public qui ne voulait plus que ça : exploser, ensemble.

Conclusion – Louder Than Life 2025

Quatre jours, des centaines de milliers de festivaliers, une chaleur écrasante, des orages soudains, et surtout une déferlante de musique, d’émotions et de moments hors du temps. Le Louder Than Life 2025 restera comme l’une des éditions les plus marquantes de son histoire.

Des retrouvailles avec Slayer, au retour de Three Days Grace dans leur formation d’origine, en passant par la puissance inouïe de Bring Me The Horizon, la grâce de Evanescence, ou la ferveur brute de I Prevail, chaque journée a écrit sa propre légende. Le Kentucky Exposition Center s’est transformé en sanctuaire du rock et du metal, où chaque set, chaque rencontre, chaque instant de partage a compté.

Derrière cette réussite, impossible de ne pas saluer l’organisation sans faille de Danny Wimmer Presents, qui continue d’élever le standard des festivals américains en alliant exigence technique, sécurité, confort et passion sincère pour la musique. Malgré la météo capricieuse, tout a tenu bon, porté par une équipe de terrain d’une efficacité remarquable.

Un immense merci également à tous les groupes, managers et équipes qui ont accepté de jouer le jeu des interviews exclusives avec All Rock et l’XTRM Podcast — de 10 Years à fuckin Tech N9ne, en passant par tant d’autres. Ces échanges humains, souvent en dehors de la scène, ont offert un regard précieux sur la scène actuelle et sur ce que représente vraiment le Louder Than Life : une communauté mondiale unie autour du son, du partage et de la passion.

Alors oui, il faudra du temps pour redescendre. Mais une chose est sûre : cette édition 2025 restera gravée. Pas seulement pour ce qu’on a vu. Mais pour ce qu’on a vécu.

Coeur sur vous <3 – Peter