Les italiens de Lacuna Coil sortent leur 10ème album studio (sans compter Comalies XX) le 14 février prochain, via Century Media. Dans la continuité de l’évolution de leur style, mélangeant les growls puissants d’Andrea Ferro à la voix mélodique de Cristina Scabbia, le groupe parvient à délivrer un ensemble cohérent avec quelques surprises. Les morceaux ont été inspirés de ces dernières années, troublées par de nombreux évènements tels que le covid ou l’influence massive des réseaux. Andrea explique alors que cet album “est un portrait de notre époque”, où “tout le monde passe son temps sur son téléphone, à scroller à l’infini, à toujours faire quelque chose, ça ne s’arrête jamais : c’est un empire qui ne dort jamais.” En contraste, l’album possède de nombreux éléments qui peuvent évoquer le passé, avec des effets de voix tribales, primitives et du Latin sur de nombreux morceaux. Cet opus se veut alors comme un lien entre présent et futur, entre monde traditionnel et digital.
La première chanson, The Siege, nous met directement dans le mood avec des effets de voix lointains qui explosent rapidement en un couplet agressif et crié. Avec un refrain puissant, chanté par Cristina et sublimé par des growls en fond, on y retrouve ce qui fait Lacuna Coil aujourd’hui : une alternance de voix opposées mariées dans une musique agressive aux parties orchestrales. Avec un message positif, le groupe nous transmet l’espoir de faire face au changement sans compromettre ses valeurs. Plutôt catchy, c’est une excellente introduction à ce qui nous attend par la suite.
Oxygen est probablement le morceau qui représente mieux Lacuna Coil de manière générale, et ce n’est pas une surprise s’il fut choisi comme single pour représenter l’album. On y retrouve vraiment la patte musicale du groupe mêlant growls et chant clair, mélodies éthérées et agressives, supportées par des effets orchestraux qui lient le tout. Sur cet album, ces effets prennent une part importante et ont été très travaillés pour correspondre à chaque morceau, mixés à la perfection. Maki, bassiste et compositeur, ajoute d’ailleurs que “la partie orchestrale de l’album sonne comme une soundtrack de film, car je passe le plus clair de mon temps à en regarder et à m’inspirer de compositions d’Hans Zimmer, Danny Elfman ou John Williams.”
En contraste, Scarecrow se démarque un peu, utilisant des sons électroniques et encourageant Cristina à être plus agressive que la normale. Des mélodies de voix se mêlent à la guitare pour créer un son envoûtant, et les nombreuses pistes orchestrales offrent une rondeur et une cohérence. Les paroles sont également plus sombres, presque dépressives, alors que le protagoniste cherche un sens à sa vie. Suivi par le dernier single en date, Gravity, qui nous plonge dans des chants latins cérémonieux, on se retrouve embarqués dans une chute vertigineuse à la recherche de soi dans un monde qui nous absorbe jusqu’à nous effacer.
Ce tourbillon s’arrête lorsque I Wish You Were Dead commence, car la mélodie ultra catchy et les sonorités un peu plus pop et dansantes donnent une vibe très différente des précédent morceaux. Le refrain est vraiment réussi car il reste (trop facilement) en tête et l’on ne peut pas s’en séparer ! On retrouve majoritairement Cristina au chant, percevant ci et là un Andrea entremêlé avec la musique de fond. Les différentes couches de voix donnent un certain volume, notamment au refrain, alors que le protagoniste veut, comme le titre l’indique, effacer quelqu’un de sa vie.
On se retrouve ensuite avec un featuring iconique : Randy Blythe, de Lamb Of God, rejoint la formation pour Hosting The Shadow. Ami de longue date du groupe, tout le monde peut se ravir qu’ils collaborent enfin sur une chanson ! Randy apporte sa personnalité unique à la chanson qui prend une tout autre dimension grâce à sa participation, et ce morceau se place déjà parmi les préférés des fans. In Nomine Patris n’a, quant à lui, pas encore été révélé. Avec des chants cérémonieux et du latin, “Au Nom du Père” s’inscrit efficacement dans le schéma continu de l’album, en nous offrant en prime le plus beau solo de guitare de l’album.
Le titre éponyme Sleepless Empire ne déroge pas à la règle et incorpore également du latin, cette fois-ci autant parlé très profondément par Andrea que chanté par les choeurs de Cristina, mais la chanson se veut également un peu plus violente. Cependant les envolées de voix de Cristina offrent un excellent contraste, et les deux chanteurs se répondent bien. On retrouve avec plaisir ces effets de voix qui nous rappellent un peu les anciens albums – probablement un héritage de la version réimaginée de Comalies ! Une belle surprise nous attend dans le morceau suivant intitulé Sleep Paralysis, sans doute l’un des plus beaux de l’album. Cette chanson est la plus atmosphérique, avec des chuchotements, beaucoup d’effets orchestraux, tandis que la voix de Cristina, majoritaire sauf sur le pont, est sublimée par les growls d’Andrea en fond. On a également un solo de guitare très appréciable, qui offre un rythme plus pressant à la musique et l’intensifie. Cependant, la meilleure partie se trouve dans la partie vocale du refrain, où Cristina nous offre ce qu’elle sait faire de mieux avec des notes qui défient le réel. En chantant “Come with me, in my sleep paralysis”, le groupe fait comme un clin d’oeil à une autre grosse chanson de leur répertoire : Trip The Darkness ! Le morceau s’estompe petit à petit, comme un éveil progressif…
Les deux dernières chansons sont déjà connues également. D’un côté, on retrouve le featuring avec Ash Costello de New Years Day, décrite comme “une voix rock parfaite” par le groupe, “pas trop claire ou symphonique, mais plutôt comme un feu ardent”. Les voix des deux femmes se mélangent bien au point de parfois se confondre, et la dynamique du morceau est bonne même si ce n’est pas le meilleur. La conclusion avec Never Dawn, première chanson rendue publique par le groupe, est parfaite pour conclure l’album dans la continuité : les effets tribaux dans l’intro, les riffs super efficaces mélangés à une orchestration à la Nothing Stands In Our Way, tout en ajoutant les performances vocales spectaculaires des deux vocalistes nous offrent une explosion finale pour conclure cet album en beauté.
En conclusion, cet album est très solide et montre l’étendue des talents du groupe en constante évolution. Dans la continuité de Black Anima, tout en incorporant davantage d’éléments atmosphériques, on se retrouve facilement dans l’univers de Lacuna Coil qui nous conte des morceaux sombres tout en étant teintés d’espoir. Toutes les chansons sont très cohérentes les unes avec les autres, mais on regrette par conséquent qu’un morceau ne se démarque pas plus d’un autre en proposant quelque chose de différent. On peut aussi noter la qualité vidéo constante des clips musicaux qui sont très travaillés. A voir comment les nouveaux morceaux vont rendre en concert !
Sleepless Empire – Sortie le 14 Février 2025 via Century Media
1. The Siege
2. Oxygen
3. Scarecrow
4. Gravity
5. I Wish You Were Dead
6. Hosting the Shadow
7. In Nomine Patris
8. Sleepless Empire
9. Sleep Paralysis
10. In the Mean Time
11. Never Dawn