Publication: 30/09/2022
Donna M. Younes
Après la sortie de We Are Not Your Kind en 2019, le groupe américain de Heavy metal Slipknot est de retour avec leur septième album. Il s’agit du dernier album avec Roadrunner production qui suit le groupe depuis 1999. Il devait être publié durant le printemps/été 2022 mais a été repoussé au 30 septembre 2022. Corey Taylor indique que l’album ne sera pas leur dernier.
Il s’agit en effet du dernier album avec Roadrunner Records, qui est aussi vu comme la fin d’un chapitre de deuil qui a commencé avec The Grey Chapter en 2014. The End, So Far est produit par Joe Barresi, aussi connu sous le nom d’ “Evil Eye”. The End, So Far se maudit de rendre justice à l’identité collective de Slipknot, même si cela ne signifie pas nécessairement mettre le chant de Corey Taylor et la guitare au premier plan. The End, So Far semble terne comme d’habitude sans perdre beaucoup de puissance ni rendre une sorte de brouillon. Slipknot surprend ces auditeurs avec de la pop calme, voire même presque atmosphérique avec “Adderall” qui dure près de 6 minutes, loin de la violence à laquelle nous sommes habitués. Ceci rappelle la polyvalence de Corey, montrant qu’il est à l’aise dans la gamme plus subtile mais également dans la vocifération charathique. “Adderall” est une ouverture calme avant de mettre les riffings dans la tradition Slipknot avec “The Dying Song (Time To Sing)” et son “Die” sur-martelé. Slipknot révèle une certaine ambition dans la structure de son travail. L’alternance chant clair et chant hurlé est moins téléphonée qu’avant. Avec “Yen” qui gagne en profondeur car Corey Taylor sort de ses habitudes dans l’utilisation de son timbre clair jusqu’à un petit rire sardonique sur le deuxième couplet. On peut aussi voir qu’il y a plusieurs leads pour la guitare dans “The Chapeltown Rag”.
“The Chapeltown Rag” est l’un des sommets agressifs que le groupe atteint, un rappel à quel point le groupe peut être considéré comme indomptable. Parfois, le groupe a la capacité d’empiler ses disques les plus accessibles avec ses disques les plus sincères et dans l’ensemble, The End, So Far évite les allers-retours trop évidents. La chanson “Hivemind” se livre à de douces positions vocales qui sont ensuite rapidement convoquées par des dissonances chaotiques avec fureur percutante. Cet album rend donc l’anticipation très difficile. “Acide” a un vocabulaire venant du blues; “The medicine of the Dead” plonge l’auditeur dans une atmosphère brumeuse, Corey insiste très clairement sur la dose à suivre, tout n’invite pourtant pas à la curiosité. Le Hard Rock de “Heirloom” est plus conventionnel et n’a pas la même brusquerie surprenante des autres œuvres. On a aussi une pseudo-ballade avec “De Sade” qui est sauvée par une introduction progressive et une fin plus frontale. L’intensité des riffs s’est réintroduite grâce à “H3777”. “Finale”, la dernière chanson de l’album, souffre des mêmes inconvénients que “De Sade”, si ces derniers n’avait pas bénéficié du refrain entêtant et de l’arrangement qui lui donnaient un certain sérieux. Le refrain cérémoniel permettait à l’album de finir avec grâce. The End, So Far est présenté comme une version lourde de Vol.3 (The subliminal Verses) en 2004. On peut rejoindre Corey Taylor sur la variété que Slipknot s’efforce d’introduire constamment. S’il y a un compliment à faire à ce groupe, c’est le fait qu’ils prennent la route la plus directe. Ses tentatives d’introduction des nuances qui peuvent être une contribution à la richesse du disque, ne sont pas toujours convaincantes et nous obligent à nous arrêter.