Il m’est arrivé assez peu souvent de me dire “là il s’est passé quelque chose” après un concert, mais c’est ce que je me suis tout de suite dit après le premier concert européen du chanteur et guitariste de blues-rock Ayron Jones. Récit d’un concert d’exception !
Pour la première fois je me rends au New Morning ce lundi 29/11 pour le premier concert depuis des mois, et franchement, la salle donnait immédiatement envie de revenir. Le mélange entre salle moderne et charme vintage met chacun dans l’ambiance particulière des concerts, et c’est dans de bonnes dispositions qu’on s’apprête à recevoir la première partie, qui n’est autre que les français de Rozedale (que nous avions déjà rencontrés) !
Ce soir, Amandyn et Charlie nous proposent un concert à seulement deux sur scène. Alors clairement, je m’attendait à un set acoustique sympathique, mais c’est deux bêtes de scène qui montent sur les planches et nous donnent un concert électrique à base de loops et de solos bluesy bien sentis. La voix d’Amandyn est aussi cool en live que sur album, et le duo nous offre un beau moment de rock N’ roll qui donne très envie de les revoir dans un format “groupe” par la suite. J’ai été surpris de voir le hit Ghost For You interprété si tôt dans le set, mais tout est franchement bien ficelé et personne n’a semblé décrocher au premier rang (où j’étais, comme souvent). En bref : grâce à Rozedale la salle est chaude et prête à accueillir le phénomène de Seattle !
On se rend compte rapidement qu’Ayron Jones s’est bien entouré. En effet, le bassiste Tyrone Lovelace harangue déjà la foule avant même que le matériel ne soit en place sur scène ! Le sourire et l’énergie de celui-ci achèvera de chauffer le public avant qu’il ne soit rejoint par Bobby Jimmi (batterie) et Matthew Jacquette (guitare), puis le “man of the moment” : Ayron Jones.
On commence fort avec pour commencer le titre qui ouvre l’album Child Of The State, l’excellent Boys From The Puget Sound, qui met les points sur les I avec ses paroles : “j’ai déjà appelé la police, car on est le groupe le plus vénère en ville” ! Et à partir de là, l’énergie ne descendra pas du tout de toute la soirée. Ayron quittera rapidement ses lunettes de soleil de rockstar pour entamer Emily, plus sur le terrain du blues, rappelant cette fois Jimi Hendrix et Stevie Ray Vaughan au niveau du jeu de guitare, mais avec l’énergie du grunge de Seattle, dont vient Ayron Jones.
Des petits breaks instrumentaux ponctuent d’ailleurs tout le set, donnant l’impression de voir un groupe jammer dans un garage, mais dans un garage avec un public chauffé à blanc ! Notamment grâce au hit devenu le dernier numéro 1 d’Ayron Jones : Supercharged, à l’énergie volcanique. L’ombre de Kurt Cobain planera au dessus du groupe lors de ce morceau, tant et si bien qu’on aura le droit à une reprise d’anthologie du bestial Breed de Nirvana !
Spinning Circles et Killing Season ne feront pas retomber la tension et le groupe tout entier se montrera de plus en plus chaud bouillant, Tyrone (basse) sautant absolument partout, Matthew (guitare) dansant et jouant parfaitement à chaque instant, et Bobby (batterie) souriant de toutes ses dents, tout en gardant un rythme absolument groovy. Un groupe incroyable, je vous dis ! Et c’est avec cette énergie folle qu’Ayron et sa bande se lancent dans un plus lent mais absolument dantesque Free qui emportera tout le public, même du fond sur son passage, et permettra d’utiliser les parisiens comme chorale sur le calme et positif Take Your Time.
Les passages fun à la Hot Friends et plus introspectifs comme Baptized in Muddy Waters s’enchaîneront, et laisseront place à la vulnérabilité de My Love Remains, ode à l’amour absolument géniale, qui précède un enchainement qui achèvera le public parisien qui ne demande que ça. En effet, Ayron Jones fera le grand chelem, en commençant par une version survoltée de son single Mercy sur lequel sa voix ultra rock mais aussi ultra humaine fera mur avec les instruments, plus heavy que jamais, de son groupe, qui le poussera à reprendre (d’une très belle manière) Hey Joe de Jimi Hendrix par la suite. Take Me Away, un autre grand single d’un album qui a tout l’air d’une véritable collection de hits (foncez l’acheter il est ouf), terminera le set principal, mais le public en redemande bien évidemment ! Ayron ressort donc et commence a capela un Purple Rain absolument parfait, et il sera bien sûr rejoint par son groupe pour le plus beau moment de ce concert, où le public ne fera plus qu’un avec le groupe et participera au refrain de ce morceau grandiose. Une fin qui ne manquera pas d’arracher des larmes de joie au groupe, qui n’en croit pas ses yeux devant les acclamations du public.
En bref : Ayron Jones nous a donné une leçon de rock ce soir-là, et on ne manquera pour rien au monde son concert au Hellfest 2022, car quelque chose me dit qu’il fera encore plus fort après une date aussi mémorable. Comme je vous l’ai dit en intro, ça arrive rarement que je me dise “là il s’est passé quelque chose”, mais là, il s’est vraiment passé quelque chose, et je pense que ce concert restera dans les annales.
Merci à Olivier Garnier et à Replica Promotion pour l’invitation !