Seulement quelques mois après la sortie de Daddy’s Home, St-Vincent a de nouveau une actualité musicale portée au cinéma pour la première fois et pour notre plus grand bonheur !
Le nouveau film de St-Vincent est enfin sorti (uniquement aux Etats-Unis dans un premier temps malheureusement) et il est accompagné d’une bande originale signée de l’artiste. Le titre éponyme du film accompagne sa promotion et sa bande-annonce.
Le projet d’Annie Clark (le vrai patronyme de St-Vincent) et de Carrie Brownstein (la guitariste de Sleater-Kiney, rien que ça) est tournée à la façon d’un faux documentaire où Carrie -jouant son propre rôle- suit St-Vincent pendant la tournée du superbe album Masseduction entre 2017 et 2018 et la filme partout tentant de révéler « Annie » derrière le personna de « St-Vincent » voyant que la vraie Annie n’a rien de “grandiose ” dans sa routine et son quotidien. Un jeu de miroir entre « double je », le « moi » et «ça » dépeignent, à la fois, la dualité des personnalités d’Annie et une introspection touchante et drôle portée par le talent rare qu’est St-Vincent. On y voit notamment Annie se préparer en coulisses en train d’entrer dans la peau de St-Vincent. L’ère Masseduction a été visuellement et esthétiquement très marqué et riche, entre couleurs néons vifs, cuissardes, body, latex. La collaboration entre les deux artistes va se révéler être semée d’embûches, de doutes et de querelles mais toujours avec humour et complicité avec une pointe de psychédélisme et absurde.
19 chansons produites par St-Vincent et Jack Antonoff (Taylor Swift, Lorde, Lana Del Rey) tracent le fil du film titrées selon les scènes et déroulent le monologue et tourbillon intérieur qui anime l’artiste via « The Nowhere Inn », lieu métaphorique représentant la mort et la disparition des rêves et tous les sentiments, maux et états d’âme qu’un artiste traverse, aussi bien dans sa vie que dans sa carrière. La frontière y est mince et le film le montre via Carrie qui bouscule et pousse Annie dans ses retranchements. Un propos important sur ce qu’est être un artiste. Une fois le rideau baissé et les lumières éteintes, la réalité est tout autre.
L’album s’ouvre sur « The Nowhere Inn », aux rythmes de batterie à la Bruce Springsteen ou Chris Rea, un piano jazzy portée par la voix et la guitare unique de l’artiste. Un retour aux sources aux accents de « Strange Mercy » (2011) Les paroles évoquent un trajet en limousine à destination d’un lieu désertique.
L’album est ponctué d’interludes et d’instrumentaux (« Carrie Voicemail » / « Carrie Wave » / Board Room ») mêlant tantôt les cordes et les rythmes électroniques (« Sex Scene »)
Le groovy, charming et sensuel « Palm Desert » vient installer l’atmosphère est permet une entrée en matière douce et intrigante. La guitare se veut énigmatique avec des effets de reverb et de distorsions qui font la signature de St-Vincent.
« Waiting On The Wave » constitue le thème de « St-Vincent » écrit selon le point de vue et la perspective du “personnage” de l’artiste qui prend le dessus. Les paroles sont un combat entre ses idéaux romantiques et les voix intérieures oscillant entre cynisme et paranoïa.La tracklist est construite de sorte à avoir d’une part le point de vue de St-Vincent et de l’autre, celui de Carrie (« Palm Desert »). L’album se clôt sur le simplement et sobrement intitulé « Ending » venant laissé en suspens le questionnement et le monde que St-Vincent s’est créée : en se perdant à “Le Nul Part”, Annie a peut-être trouvé dans St-Vincent une part d’elle-même et de son identité.
The Nowhere Inn réalisé par Bill Benz
Scénario de St-Vincent et Carrie Brownstein.
The Nowhere Inn, sortie le 14 septembre via Loma Vista.