ST. VINCENT – Daddy’s Home

Enfin ! Depuis le temps que les fans l’attendaient, le nouvel album d’Annie Clark, aka St. Vincent, est là ! Après avoir exploré la vanité et le ridicule des années 80 avec Masseduction en 2017, St. Vincent s’attaque cette fois aux années 70 avec un album teinté de sépia mais avec un côté résolument moderne que l’on attend d’un des OVNIs les plus suivis de la scène musicale américaine. Bref : Daddy’s Home, et il est temps de le découvrir ! Et pour cela je ne vais évoquer que le son de l’album, vous laissant le loisir de consulter les paroles !

On commence très fort avec le foutraque et joyeux Pay Your Way In Pain, mélangeant la pop chère au cœur d’Annie Clark et le jazz-rock dans lequel elle excellent, pour un résultat magique. Down And Out Downtown embrassera totalement les années 70 dont est inspiré l’album, avec des mélodies de sitar et de basses purement hippies. Une atmosphère commencera à se dessiner avec le psychédélique et feutré Daddy’s Home, qui arborera claviers à la Stevie Wonder mais à un tempo purement barré. La guitare est discrète mais présente et technique, et Annie s’égosillera d’une manière surprenante, dans ce morceau digne d’un trip sous acide sur la Sunset Strip.

L’ambiance sera plus calme sur le lumineux Live In The Dream, aux allures de voyage sous-marin, lent, long et mixé d’une manière purement surréaliste. Un solo de guitare agrémentera d’ailleurs la fin de ce morceau-fleuve de plus de 6 minutes, rappelant au monde qu’Annie Clark fait partie des meilleurs guitaristes de notre génération. Qu’attendre de plus de Daddy’s Home que des morceaux comme celui-ci ? La réponse viendra directement avec le groovy The Melting Of The Sun, évoquant subtilement le jazz ultra versatile de Michel Legrand (Il Etait Une Fois La Vie) avec ses claviers syncopés et son mixage clairement magistral. Plus on avance, plus je me dis que St. Vincent a sorti là son meilleur album en termes d’expérimentations !

Photo : Zackery Michael

The Laughing Man emboîtera le pas à Humming (Interlude 1) pour une mélodie de film noir, avec dans le rôle de la femme fatale la seule et l’unique St. Vincent. On imaginerait d’ailleurs bien une collaboration entre elle et Alex Turner (Arctic Monkeys) tant leurs univers se mêleraient aisément sur un tel morceau ! Mais le calme laissera la place à mon coup de cœur absolu de Daddy’s Home : Down, un morceau à l’efficacité complètement folle et à l’énergie incroyable, renforcée par de la guitare funk et des rythmes frénétiques jusqu’à un refrain absolument magique à base de sitar. Wow ! Rien que ce morceau valait le coup d’écouter tout l’album ! J’en suis même presque déçu que Down ne dure pas plus longtemps, même si ça le rendrait peut-être moins frappant.

Somebody Like Me aura une saveur plus familière aux fans de St. Vincent, rappelant fortement les ballades de la chanteuse (crooneuse ?) comme Happy Birthday, Johnny, avec cependant du lapsteel ramenant le côté americana des années 70 sur le devant de la scène. Et alors que le dernier tiers de ce LP se déroule, My Baby Wants A Baby se révèlera être un “slow burner” et montera lentement en puissance vers un final massif à l’énergie électrisante, avant un …At The Holiday Party toujours très groovy et mesuré mais qui introduira des cuivres plutôt subtils et appréciables. Petite remarque, d’ailleurs : ce dernier morceau fera certainement partie des plus beaux à voir en live, car je vois mal Annie Clark tourner seule pour cet album franchement quasi orchestral comme elle a pu le faire sur Masseduction en 2017. Le final offrira des chœurs à la mélodie ultra positive chantonnant pourtant des “you can’t hide from me” laissant entrevoir le côté sombre des paroles de l’album. Le final de Daddy’s Home avec Candy Darling et un troisième interlude laissera une impression de trop court, encourageant à relancer l’album dès le début (à quoi bon un interlude s’il n’y a rien ensuite ?). Une dernière réussite pour un album que je compte revisiter souvent !

En bref : St. Vincent l’a encore fait : avec cet excellent Daddy’s Home elle a transcendé ses influences une nouvelle fois pour donner un album retro ultramoderne et franchement, on a très hâte de voir ce qu’Annie Clark aura à nous proposer en tournée. Je fonce acheter le CD, le vinyle et le t-shirt, car c’est une réussite totale !

5/5

Coups de coeur : Pay Your Way In Pain, Down, The Melting Of The Sun, … At The Holiday Party…

Photo : Zackery Michael

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.