WAKE THE DEAD : STILL BURNING

Allô les confinés, ici Hugoman en direct de sa chambre pour une chronique spéciale amateur de Hardcore. Vous en avez marre d’écouter les belles mélodies de For the fallen dream et les breakdowns de Terror c’est trop vieux pour vous ? Qu’à cela ne tienne, je vous apporte Wake the Dead, un groupe bien de chez nous, tout droit sorti de Marseille (promis aucune blague sur les kalashs.)(Et merde…).

Wake the Dead c’est dix ans de violence dans vos petites esgourdes. Une batterie surpuissante, des riffs lourds et un chanteur qui donne tout à chaque morceau sont les promesses que je vous fais en vous recommandant leur dernier album Still Burning. Le groupe change de line-up avec un nouveau chanteur et un nouveau batteur. Le titre de l’album c’est un peu un doigt d’honneur qui annonce la couleur : they still burning.

Attention, je vois déjà les puristes dirent “agneugneugneu leur dernier album était plus punk c’était mieux avant…”, oui bah jeune trou de balle si tu veux du punk tu vas écouter Parabellum et tu nous laisse entre gens sérieux. Là, pas de place pour la guitare frénétique et aux airs majeurs du punk même si t’inquiète pas René la batterie tambourine toujours en mode poum chtak poum poum tchak poum chtak poum poum chtak. Oui je suis auteur de partition de batterie à mes heures. Still Burning c’est un son ambiant très lourd avec une guitare pas toujours endiablée mais qui donne avec la basse un très bon support pour le chant dont les paroles bien que toujours rebelles sont elles aussi plus sombres. Malgré ça rassurez-vous les punks, et pleurez les metalcoreux car pas de refrains émotions qui donnent envie de chanter, le texte est brut. Pas le temps de répéter les clichés qui font larmoyer dans les chaumières, on a des trucs à dire, un message à faire passer et s’il y a des phrases répétées c’est uniquement parce qu’il faut faire rentrer ça dans nos têtes. C’est quand même issu du punk bordel ! Mention spéciale pour la batterie très bien sonorisée avec les coups de doubles pédales ultra lourds et aussi pour la qualité du travail rythmique et de cohésion des musiciens.

L’album s’ouvre sur Giving up, un morceau spontané dont les paroles sont comme un remerciement au public mais aussi une promesse de toujours se battre, de toujours rester fidèle à soi-même. Pour continuer en mode lourd avec un petit côté djent dans la rythmique, All my flames (putain qu’est ce que c’est trop classe comme nom de morceau bordel). Ce morceau fait typiquement référence à cette phase ModernHardcore dont s’affuble le groupe. Tantôt saccadé, tantôt brutal, une bonne claque qui ravira les fans de groupes US actuels. Dans la foulée on va vite fait parler du pari artistique du morceau éponyme. Still Burning arrive en sixième position, assez tard donc vu que l’album ne possède que huit titres. J’avoue que je m’attendais au clou musical de l’album. Petite surprise quand il s’est avéré qu’il s’agissait de la mise en musique du discours de Charlie Chaplin tiré du Dictateur. D’ailleurs lecteur, si tu ne l’as pas vu… bah qu’est ce que tu fous ? Vas-y ! Ce discours c’est une ironie dramatique de compétition. Still Burning… Ouais ça brûle encore. Il y a presque 80 ans, on nous avait averti et pourtant on s’est fait baisé. Pris dans la mécanique, pris dans la machinerie sociale et économique qui nous asservissent en nous faisant miroiter la liberté. Ce discours donne tout son sens à l’album qui nous rappelle à l’ordre. La flamme et la rage du groupe sont encore bien vivantes mais ce qui brûle encore c’est aussi le monde, c’est aussi nous-même. Pendant l’écoute de ce titre avec la connaissance du texte on a juste envie de crier, mais l’on reste en silence dépité par la réalité et trop envieux du souhait de Chaplin. Heureusement, le titre suivant, Paradise, vient nous délivrer par un bon scream des familles. Ce morceau c’est une adresse à Dieu et un reflet de chacun de nous. Il reprend l’idée du discours précédent mais toujours en nous appelant à nous sortir les doigts du cul.

Bon, mes petits hiboux déters, il faut que je vous parle de trois coups de cœur. On va commencer par un petit hors-sujet. Wake the Dead c’est aussi un groupe de Hardcore qui reprend du Verlaine. DU VERLAINE !!! Et ouais, j’étais posé là sur mon ordi à me demander ce que les marseillais nous avaient pondu par le passé et je tombe sur Mon rêve familier. Encore une fois si t’as pas la réf bah vas te cultiver au lieu de traîner sur le net, inculte! Avec cette reprise à mon grand regret anglicisée, le groupe a clairement touché une corde sensible. Si un jour j’ai l’occaz’ de vous voir les réveilleurs de morts j’espère l’entendre ! Pour revenir sur l’album en question, la dernière piste est un bref storytelling touchant et sincère. Par pudeur je n’ai pas préféré poser la question au groupe mais les paroles sonnent comme les paroles d’un ex camé à l’un de ses amis qui est toujours là dedans. Il y a tout. L’envie de le voir s’en sortir. Les appels à la raison en se citant comme exemple. La colère de le voir dans un état pitoyable. Les bras qui se baissent en disant “this is your life, this is your way”. Je suis sûr que ce texte touchera beaucoup d’entre vous. Ultime coup de cœur de cet album : Lone Wolf. Ce son c’est notre histoire. C’est l’histoire d’une rencontre, d’un sourire, d’une discussion une nuit dans un bar ou chez l’ami d’un ami avec le cousin d’un cousin. C’est ce genre de moment furtif dont on se rappelle toujours. On ne reste pas. On repart dans le flot de la vie. Il n’y a pas de vaine promesse de retrouvailles. Ce morceau me fait vaguement penser à Phoenix Flames de The Ghost Inside. En adéquation avec le thème, c’est le morceau le plus court de l’opus et même si c’est cohérent j’aime tellement ce morceau que j’en viens à chaque écoute à espérer qu’il soit plus long.

On va vite fait parler de la pochette qui nous affiche un rendu aux airs mythologiques. Un phœnix, deux fauves, des flammes, un fond moyenâgeux, on pourrait presque voir une pochette de black. Pas si hors-sujet quand on voit la mélodie globale de l’album qui pourrait très bien s’accorder avec celui d’un Alcest. Si je devais faire mon critique d’art snob, je dirais que le phœnix nous représente, toujours brûlant, toujours sur le point de s’envoler mais toujours au sol à cause des fauves, ces chaînes du système, ces chaînes que l’on s’impose parfois nous-mêmes. Et le fond moyenâgeux ? J’en sais rien moi, c’est plus classe qu’un fond noir. Et bim dans ta gueule Metallica.

La fin de la chronique arrive et comme d’habitude j’entends les plaintes : “Tu ne parles pas assez du son, les autres chroniqueurs ils donnent une couleur et une forme à la musique,…” Alors déjà même si on voit tous ce qu’est un son “rond” bah ça ne veut rien dire et puis foutre des couleurs sur la musique je laisse ça aux jean-musicologues spé musique moderne. J’ai dit que cet album était LOURD, BRUTAL, HARDCORE !!! Si ça ne te suffit pas comme mise en bouche c’est que le truc le plus hardcore que tu écoutes c’est Within Temptation ! J’en suis à… plus d’une dizaine d’écoute de l’ensemble et je ne sais plus combien de fois pour Lone Wolf qui va bientôt se faire attaquer en justice pour harcèlement par mes oreilles. C’est sûr que l’album passera dans ma salle de sport et plus encore dans mes soirées. Wake the Dead c’est un concert à faire dès qu’on sera sorti du confinement. En tout cas, j’espère qu’ils portent bien leur nom parce qu’après mon passage dans leur fosse sur Back For More, il va falloir en réveiller, des morts.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.