Comme un enfant, je suis l’étoile du Nord.
Nous étions le dimanche 17 novembre. Comme tous les dimanches à Rennes, le rennais qui n’avait pas fini son week-end pouvait aller au Pennylane pour une petite soirée jazz et pour se réchauffer autour d’un irish coffee. Pourtant ce n’était pas un soir comme les autres. Un petite horde de zombies gothiques assoiffés de sang déferlait sur l’Étage.
Dimanche 17 novembre c’était Rise Of The Northstar qui déchaînait la violence sur la petite scène du Liberté. Je vois déjà des petits regards intrigués. “Mais dis-donc Jamy, c’est quoi ce truc, le titre d’un épisode de Game of Throne ?” Et bien non mes petits mandaloriens, ROTNS c’est du hardcore, de la violence, du chaos et aussi beaucoup de Japon. Si vous rêviez de voir un samouraï vous hurler à la gueule, eh bien ce groupe est fait pour vous. Ce mélange atypique de hardcore avec un visuel japonais rassemble. Et pour preuve, j’ai rarement vu autant de fringues à l’effigie d’un seul et même groupe dans une file d’attente. De plus c’est l’heure de crier cocorico car ce groupe nous vient tout droit de… chez nous. D’ailleurs, si vous êtes néophyte, cherchez donc le titre Again and again sur Youtube et vous comprendrez ce qu’on avait en tête en attendant dans le froid devant la salle.
19h30 les portes ouvrent, le merch commence direct ses ventes, la bière commence à couler et tranquillement la salle se remplit de gros barbus, de jeunes coreux et de jolies métalleuses (bordel vous êtes où dans le monde réel ?! Appelez moi au 06 98…). Merde la double pédale commence à rugir et c’est la première partie qui commence.
Le quatuor de Solitaris vient envahir la scène, tous vêtus de parkas et de masques cachant leur visage. Autant vous dire que la plupart des gens n’attendait que ROTNS, mais Solitaris est un concentré de violence qui a su provoquer quelques pogos et walls of death. Ne vous attendez pas au raffinement d’une tasse de thé. Solitaris ça a plutôt l’allure d’un formidable de Guiness coupé au whisky. Si vous avez la flemme d’aller dans une grotte vous éclater la tête contre les parois la voix du chanteur est faite pour vous rappeler la même sensation. À noter tout de même l’utilisation bien placée de la voix claire qui sublime les morceaux et permet à l’auditeur de respirer un peu. Je dois vous avouer que je leur aurais volontiers pris un CD mais rien de tel en vu sur le stand. J’attends avec impatience de les revoir. Parce que putain… ça défonce !
Après cette première partie aussi bourrine qu’inattendue, l’obscurité plonge sur la salle. Au fond de la scène, un fantôme de samouraï géant braque ses yeux rouges sur nous tandis qu’une petite voix japonaise nous fait pressentir l’arrivée de la tête d’affiche. Un début de setlist aussi fracassant que jouissif pour les fans car le premier titre n’était autre que Here comes the boom. Le fan de P.O.D. tu te calmes et va plutôt écouter ce morceau. Stroboscope, pogo, refrain fédérateur, batterie énervée, guitariste soliste surpuissant,… rien qu’avec ce morceau le hardcore te fait une faciale. Les titres s’enchaînent, Nekketsu, Samouraï spirit, Legacy of Shi… tous des hymnes accrocheurs. Que dire de l’euphorie qu’il y a eu dès les premières notes du morceau What the fuck et comment décrire le pugilat qu’il y a eu après ? Il y avait peut-être moins de bastons que dans un concert de Mass Hysteria mais le public semblait plus en harmonie. Par contre, certifié no fake, quand le morceau Demonstrating my Saya Style a commencé, on a pu être quelques-uns à être témoin du vol gracieux d’une belle dent blanche et de quelques paires de lunettes. Dans le même genre un pote à moi a lui aussi perdu un bout de dent ce soir là.
Et c’est là que je dois faire un aparté les petites loutres pour tenter de vous expliquer ce qui fait le succès de ROTNS. Parce qu’on va pas se mentir, des groupes de hardcore y en a des centaines de bons et puis l’Entourloupeur l’a bien montré pour faire un bon morceau de hardcore il suffit de foutre des breakdowns et des riffs avec une alternance croches et double-croches. Loin du stéréotype du groupe hardcore à l’américaine, les parisiens de ROTNS ont pioché petit à petit leur identité au pays du soleil levant avec des références à des mangas comme Dragon Ball ou par leur style vestimentaire atypique qui s’est affirmé dans le dernier album produit avec l’aide de Gojira (quand même !). En même temps, ils revendiquent clairement le “self-made men”. Combien d’entre-nous avons participé à des groupes de musiques, avons rêvé de la scène ? ROTNS c’est un étoile montante dans les grands noms français. Un groupe qui donne espoir à tous les autres. Tous leurs fans ont déjà répété au moins une fois le speech de Vithia (le chanteur) issu du clip Again and again :
“Avec ROTNS j’ai monté le groupe que je rêvais de voir sur scène quand j’étais adolescent. On arrive avec nos propres codes, nos propres références. La plupart des gens nous ont dit que ça allait être impossible pour un groupe français de percer à l’international. On les emmerde, chaque fois qu’on tombera on se relèvera. Again and again.”
ROTNS c’est un mélange entre le hardcore d’hier et celui de demain. Efficace et classique mais frais et exotique. Ce groupe fait une parfaite transition entre les vieux de la vieille de Black Bomb A, Mass Hysteria, Pleymo, Enhancer,… Et en plus d’incarner un peu “l’icône” de la nouvelle génération métal en France, Rise of the Northstar donnera envie a beaucoup de se lancer et de persévérer dans cette fois.
C’est avec des étoiles dans les yeux, beaucoup de bleus et avec la moitié du merch que je suis sorti de la salle de concert. J’ai le projet de choper toute leur discographie et j’attends le prochain album avec impatience. Et s’ils repassent dans le coin, soyez assurés que j’y retournerai. Again and again.
H.
Photos : Tigroo
Report : Hugo Wache et Tigroo