“C’EST LA FOIRE À LA SAUCISSE ! ! !”
Bien que manquant scandaleusement de considération envers la communauté végan, le fait est que c’est sur ces sages paroles que Vincent l’Aqmenien a clôturé la soirée de ce 12 octobre au Mondo Bizarro à Rennes. Mais reprenons depuis le début si vous le voulez bien.
Tentant d’échapper à une horde de lapins adultes parcourant la région avec une sauvagerie mêlée de férocité, nous, deux modestes membres de Poudre Noire dont un au lion avions trouvé refuge dans une petite taverne locale peuplée de Vikings sans drakkar fixe. Soudain nous fûmes (pas le tabac, le verbe) transportés par une douce mélopée venant du fond de la pièce.
– Ce monsieur est un connaisseur, me répondit mon compagnon de voyage. En effet, certains racontent même qu’il peut jouer sur deux basses en même temps, et que leur batteur est en réalité un poulpe. Mais regarde un peu qui arrive.
C’était Stinky, puissant groupe de punk hardcore qui, somme toute, porte assez mal son nom. En effet la première réaction de la joyeuse bande de tarés faisant office de public a été de lancer des “C’EST BON ÇAAAAA !” pendant les balances. Toujours est-il que le groupe mené par Claire ne manque pas de patate (au sens figuré, parce que j’avoue ne pas savoir ce qu’ils ont bouffé avant de venir). Claire, dont le chant est à mi-chemin entre Phil Anselmo, Zack de la Rocha et la première voix des “Bonnes Manières” issu du recueil Ultrum Vomitae est en forme, et elle le montre. Pile un an après la sortie de leur album “From Dead-End Street” le groupe clissonnais donne de la voix (quatre pour être plus précis) et nous offre un show à faire s’envoler les caniches. Spéciale dédicace au chauffeur de foule auto-proclamé qui est monté sur scène pour gueuler dans un micro avant de retourner nager dans la fosse.
Après m’être pris deux pintes sur le museau à cause de ces types qui ont la bonne idée de traverser une zone de pogo pendant une chanson avec un verre à ras bord, j’ai rapidement eu l’occasion de sécher devant The Butcher’s Rodeo, et je me permets d’ailleurs de vous informer que le headbang est un très bon sèche-cheveux. J’ai foutu du houblon partout, mais tant pis. Une heure et demi durant la troupe de Vincent Peignart a balancé la sauce avec une énergie impressionnante. Au menu : des riffs dévastateurs, un bassiste disco, un chant à couper le souffle (ouais c’est pas très adapté comme expression, mais je fais qu’est-ce que je veux. Et toc.), des refrains repris par le public, un hommage aux victimes de l’attaque du Bataclan, des circle pits relativement désorganisés (on dénombre quatre morts dont deux graves), et un concert qui se finit trop vite à notre goût. C’est à ce moment que l’un de nos Vikings favoris a encore une fois frappé la salle d’une éloquence à en faire s’évanouir de jeunes pucelles et demandé une chanson supplémentaire après avoir rallié tout le public à sa cause, ce qui a engendré un mouvement unanime de déplacement logistique centripète [insérer un jeu de mots pourri] dont le but était de mettre le groupe au milieu du public, tradition butcherienne s’il en est. S’en est suivi une danse de la pluie autour du groupe qui s’est terminée par une interprétation de “Joyeux anniversaire” aussi organisée que notre actuel gouvernement.
Des slameurs qui se mangent le plafond, un public entonnant Spider Cochon et quelques notes de Slayer entre deux chansons, bref ce fût une bonne soirée que nous avons passé à la taverne ce vendredi soir.